Album Satellite
« Je n’ai plus envie de faire de concessions » David
Disque. David Hallyday revient avec Satellite, un album très rock qu’il interprète à la Cigale.
C’était début octobre à l’ICA Theater de Londres. Dans la salle, des Anglais et des fans français, gagnants de quelques jeux radio, avaient tenu à faire le déplacement pour assister au lancement du nouvel album de David Hallyday Satellite. Sur scène, le chanteur était entouré de trois guitaristes, d’un clavier et d’un batteur. Une formule de groupe très resserrée, dans laquelle on retrouvera bientôt le fils de Johnny et de Sylvie Vartan, qui s’apprête à partir pour un mois en tournée à travers la France. Il faut dire que le rock est sa nouvelle passion. « On ne me connaît pas sous cet angle-là en France », dit-il, heureux de revenir à un style qu’il a longtemps pratiqué aux États-Unis, au sein de ses premiers groupes Novacaine et Blind Fish. À l’écoute de son nouveau répertoire, on sent une envie d’en découdre, d’affirmer sa personnalité. David Hallyday donne dans un registre un peu trop aigu par moments, mais il possède une énergie et une sincérité qui le rendent attachant. Aussi, on ne s’étonne pas des nombreuses guitares rageuses contenues dans ce huitième disque qu’il vit - après le tube Un paradis, un enfer, et l’album Révélation - comme un retour aux sources. Sa manière de ne pas sombrer dans la routine en prenant à contre-pied tous ceux qui n’ont voulu voir en lui qu’un chanteur de variétés.
Votre nouvel album va également sortir en anglais, mais sous le nom de Nova 6 et non de David Hallyday...
David Hallyday. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas pour cacher mon nom. C’est un peu la suite de Novacaine, un groupe dans lequel j’ai figuré. En France, on accorde beaucoup d’importance à cette histoire de patronyme. Quand j’ai commencé il y a dix-huit ans, en France on disait : « Il est français, il vit aux États-Unis, mais pourquoi chante-t-il en anglais ? » Plus tard, on a compris que c’était parce que j’avais grandi là-bas. Au moment de mon disque Un paradis, un enfer, j’ai eu droit à : « Mais pourquoi chante-t-il en français puisqu’il a toujours chanté en anglais ? »...
Diriez-vous qu’il y a un malentendu vous concernant ?
David Hallyday. Je pense surtout qu’il y a des gens bloqués sur certains trucs. Moi, on m’a toujours appelé David Hallyday, dès ma naissance, en passant par l’école. Je constate que c’est une remarque récurrente...
Vous avez un parcours atypique. Quelle idée vous faites-vous de votre métier ?
David Hallyday. C’est très bizarre, parce que je fais mon métier et, en même temps, il m’arrive de ne plus en faire partie du tout. Mon entourage m’a toujours dit : « Répète jusqu’à ce que ce soit le mieux possible, fais ton concert et, une fois que tu as fini, mène ta vie. » J’ai toujours suivi cette ligne de conduite, étant réservé pour ce qui est de ma vie privée. La musique occupe tout mon temps, du matin au soir. On peut appeler ça un cadeau du ciel ou un don. C’est une passion que j’ai eue tout jeune. J’ai toujours fait des choses différentes des enfants de mon âge. En plus d’avoir des parents qui me trimballaient, un peu comme une valise quand j’étais petit, sur les concerts, les télés, les radios, c’est vrai qu’entre dix et quinze ans, j’avais plusieurs longueurs d’avance sur les autres. J’avais tellement appris de choses qu’à l’âge de dix-sept ans, je me sentais prêt.
On sent de votre part, une recherche de liberté à travers la musique....
David Hallyday. Pourquoi naissent les artistes ? C’est parce qu’ils ont parfois du mal à dire ce qu’ils pensent et qu’ils trouvent une espèce de véhicule différent pour exprimer ce qu’ils ont en eux. Ça peut-être par la danse, la peinture, la musique. J’étais un petit garçon turbulent, mais très introverti. La musique m’a permis de sortir de ma carapace. C’est comme un monde en 3D : un univers fictif au travers duquel j’essaie de faire passer mes émotions.
Revenir à une formule rock, c’est une manière de brouiller les pistes ou bien est-ce vraiment ce que vous êtes au plus profond : un musicien de groupe ?
David Hallyday. On ne me connaît pas vraiment comme ça en France. Mes deux groupes sont passés plus ou moins inaperçus, sauf pour les fans, qui me suivent depuis les débuts. Ça a été les plus belles années de ma vie. Dès l’âge de quatorze ans, j’ai fait mon premier groupe de lycée. C’est à partir de là que j’ai appris mon métier. Ensuite, j’ai formé d’autres groupes jouant dans des clubs à Los Angeles. La carrière solo, c’est venu comme un cheveu sur la soupe. Au début, je me suis fait jeter par pas mal de maisons de disques en France, qui ne voulaient même pas écouter, partant du principe que le fils de Johnny ne pouvait pas avoir de talent. Au vu de leur réaction, il était clair que je devais rester aux États-Unis. Jusqu’au jour où un single que nous avions fait est entré dans le top 30 et là, tout d’un coup, on m’a rappelé. C’est comme ça que l’idée d’une carrière solo en France, s’est concrétisée. Le problème, c’est qu’on a voulu me coller une étiquette. Avec Satellite, je me suis dit : « Je n’ai plus envie de faire de concessions. » Si ce n’est pas pour m’éclater, je préfère arrêter ma carrière publique et écrire pour les autres. Si j’ai décidé de plus m’exprimer, c’est venu d’un ras-le-bol et d’une incompréhension à mon égard. J’ai voulu dire qui je suis.
Êtes-vous toujours passionné de courses automobiles ?
David Hallyday. C’est une passion qui me permet de vivre un autre monde. J’aime la notion d’isolement en course. Être dans la voiture, seul avec le bruit du moteur, l’appréhension du départ. C’est un moment grisant. Je crois avoir l’esprit de compétition. Gamin, j’adorais me mesurer à l’autre, pour voir ce que je valais. La préparation, le physique, le mental.. C’est vraiment un métier passionnant au résultat direct. Dans le sport, tu fais un bon chrono, tu gagnes. Qu’on t’aime ou pas, c’est incontestable. C’est très agréable.
Le goût du risque, vivre à fond, c’est votre philosophie ?
David Hallyday. C’est vivre le plus de choses possible. La jeunesse est faite pour expérimenter. Je suis comme ça dans la vie. J’aime les gens avec passion, sinon je ne les aime pas. J’ai des relations passionnelles avec mes amis, avec les femmes. Je ne peux pas faire quelque chose à moitié. Ça marche ou pas, mais au moins, j’ai la satisfaction d’avoir été jusqu’au bout.
Entretien réalisé par Victor Hache
cet article provient du site humanité.presse